UIMM – Côte d’Azur & Corse

L’entreprise, un repère dans un climat incertain

À l’heure où la France vit une rentrée bousculée par des tensions sociales, une incertitude politique palpable et des marges budgétaires de plus en plus serrées, un constat s’impose : l’entreprise reste un pilier solide. C’est le message délivré par Éric Trappier, président de l’UIMM, invité de BFM Business en marge de la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF) 2025.

Selon lui, l’entreprise n’est pas seulement un lieu de production. Elle représente avant tout un repère, un moteur de stabilité et surtout une clé indispensable pour sortir de l’impasse actuelle. « Surcharger les entreprises de taxes et de charges serait une erreur », a-t-il mis en garde. Car c’est bien l’activité économique qui alimente l’emploi, les cotisations, les impôts et, finalement, la richesse collective.

En clair : affaiblir les entreprises reviendrait à fragiliser toute la société.

L’industrie française : entre fragilités et atouts

La situation de l’industrie française apparaît « contrastée ». D’un côté, la volonté de réindustrialiser est affichée depuis plusieurs années, mais les résultats tardent à se matérialiser. De l’autre, malgré les difficultés, l’industrie continue de représenter un pilier d’emplois et d’opportunités dans les territoires.

👉 Quelques chiffres à retenir :

  • 3,2 millions d’emplois directs dans l’industrie en France (Insee 2024).
  • Près de 13 % du PIB national généré par ce secteur.
  • Une hausse de 25 % des investissements industriels depuis 2019, malgré les crises successives.

 

Ne pas alourdir la barque fiscale

Un des messages forts d’Éric Trappier à la REF 2025 tient en une idée simple : attention à ne pas « décourager ceux qui produisent ». Face aux défis budgétaires, la tentation est grande pour l’État de chercher de nouvelles recettes fiscales. Mais taxer davantage les entreprises risque de casser une dynamique déjà fragile.

L’entreprise contribue déjà de multiples façons à la collectivité :

  • Elle verse près de 100 milliards d’euros de cotisations sociales chaque année.
  • Elle génère plus de 350 milliards d’euros de prélèvements obligatoires (TVA, impôt sur les sociétés, charges…).
  • Elle finance l’innovation et la formation professionnelle.

Miser sur les secteurs porteurs

Plutôt que de parler contraintes, le président de l’UIMM préfère mettre en avant les perspectives positives. Il appelle à s’inspirer des secteurs porteurs – l’aéronautique, la transition énergétique, l’industrie du numérique ou encore la métallurgie – pour projeter une vision créatrice de richesses.

La France a les talents, les savoir-faire et l’énergie nécessaires. L’enjeu est désormais de transformer l’essai en encourageant les filières industrielles capables d’entraîner tout un écosystème.

Donner de la fierté aux jeunes

Au-delà de l’économie, le vrai défi est humain. « L’industrie a besoin de bras, de têtes, et surtout de jeunes motivés », rappelle Éric Trappier. Aujourd’hui encore, les métiers industriels souffrent d’une image parfois poussiéreuse, loin de la réalité des ateliers modernes, robotisés et connectés.

C’est tout l’enjeu des campagnes menées par l’UIMM : montrer que l’industrie, ce n’est pas seulement des machines, mais aussi des projets porteurs de sens, d’innovation et d’avenir.

Quelques chiffres éclairants :

  • 70 % des jeunes en formation industrielle trouvent un emploi en moins de 6 mois.
  • 40 % des recrutements prévus d’ici 2030 concernent des métiers en tension (soudeurs, techniciens de maintenance, opérateurs spécialisés).
  • Le salaire médian d’un technicien industriel débutant avoisine 2.000 € nets par mois, avec des perspectives d’évolution rapides.

 

Ces données sont de nature à redonner de la fierté aux jeunes… encore faut-il qu’elles soient connues et relayées.

Une mobilisation collective indispensable

Réussir ce pari nécessite une mobilisation à tous les niveaux :

  • L’Éducation nationale doit mieux intégrer l’industrie dans ses parcours, dès le collège.
  • Les familles doivent encourager leurs enfants à envisager ces métiers d’avenir.
  • Les entreprises doivent continuer à ouvrir leurs portes et investir dans l’apprentissage.

C’est ensemble que l’on parviendra à recréer un cercle vertueux : former, embaucher, innover et redonner confiance dans l’avenir industriel du pays.

L’entreprise, plus qu’un employeur : un repère social

Au final, Éric Trappier envoie un message clair : l’entreprise n’est pas seulement un outil économique. Elle joue aussi un rôle social essentiel. Elle crée du lien, donne du sens, et reste un espace de stabilité dans un monde en mutation.

À l’heure où la société doute, où la politique divise et où l’incertitude pèse, l’entreprise incarne encore une valeur sûre. La défendre, ce n’est pas défendre un intérêt particulier : c’est défendre l’intérêt général.

Voir l’interview complet ⬇️